Fuite de données, ransomware éviter l’effet Streisand : Lorsqu’une entreprise est victime d’une attaque par ransomware, la réaction de son dirigeant peut parfois s’apparenter à celle d’un individu face à une menace directe sur son intégrité ou celle de ses proches. La découverte d’une telle attaque génère un état de choc initial, suivi d’une phase de déni et, souvent, d’une tentative désespérée de contrôle des dommages, qui peut inclure des actions visant à masquer l’incident, une telle réaction enclenche systématiquement la mise en place de l’Effet Streisand, que nous détaillerons plus tard. Cet article explore la psychologie sous-jacente de cette réaction et ses manifestations, notamment la tendance à intimider les médias pour éviter la divulgation de l’attaque.
L’impact d’une attaque par ransomware sur une entreprise est dévastateur, non seulement sur le plan financier, mais aussi en termes de réputation. Pour le chef d’entreprise, l’attaque remet en question sa capacité à protéger son organisation, ses employés et ses clients, provoquant une crise identitaire professionnelle. La réaction initiale peut être de chercher à contenir la situation par tous les moyens, y compris en recourant à l’intimidation pour empêcher les fuites d’informations au sujet de la fuite de données. Il est souvent trop tard, que l’entreprise paye ou non la rançon, les données seront un jour ou l’autre disponible sur internet / dark web.
Cette réaction peut être analysée à travers le prisme de la théorie du comportement en situation de crise.
L’instinct de survie de l’entreprise pousse à une réaction épidermique visant à préserver l’image et l’intégrité de la société, parfois au détriment de la transparence et de l’éthique. La peur de perdre la confiance des clients, des partenaires et des investisseurs, la peur de ne pas avoir sa bonus annuel, peut mener à une stratégie de silence ou de déni, considérée à tort comme la moins dommageable.
Cependant, cette stratégie de dissimulation est rarement efficace à long terme. Les tentatives d’intimidation des médias ou de dissimulation des faits finissent souvent par échouer, car les informations trouvent toujours un chemin vers la lumière, notamment à l’ère du numérique où les données circulent librement et rapidement. Lorsque la vérité éclate, l’impact sur la réputation de l’entreprise est alors bien plus grave que si l’incident avait été géré de manière ouverte et responsable dès le début. C’est a ce moment là que l’on découvre la maturité intellectuelle du chef d’entreprise.
L’élément déclencheur qui révèle l’ampleur du problème est souvent externe : une fuite d’information par un tiers, une enquête journalistique ou encore la pression d’organismes de régulation. Ces révélations mettent en évidence les tentatives de dissimulation et accentuent la crise de confiance à l’égard de l’entreprise.
Pour les chefs d’entreprise, la leçon à tirer est claire. Face à une attaque par ransomware, la transparence doit primer. Informer les parties prenantes, collaborer avec les autorités et les experts en cybersécurité, et prendre des mesures immédiates pour renforcer les défenses de l’entreprise sont des étapes cruciales pour restaurer la confiance et assurer la survie de l’organisation à long terme. La gestion de la crise passe par l’acceptation de la vulnérabilité et l’engagement vers une résolution ouverte et éthique du problème, plutôt que par la dissimulation et l’intimidation.
Avons-nous encore une impunité ?
Lorsqu’un groupe de hackers prétend avoir des documents en sa possession suite à une attaque par ransomware ou une infiltration de système, plusieurs étapes doivent être suivies pour évaluer la véracité de leurs affirmations et déterminer l’ampleur de la fuite potentielle de données. Voici une approche méthodique pour gérer cette situation :
1. Analyse initiale
- Vérification des preuves : Demander au groupe de hackers de fournir des preuves concrètes de leur accès aux données, telles que des échantillons de documents ou des captures d’écran. Il est crucial de procéder à cette étape sans compromettre davantage la sécurité ou violer des lois. Les groupes mettent souvent tout ou partie de leur exfiltration pour prouver leur forfait.
2. Investigation interne
- Audit de sécurité : Réaliser un audit interne complet pour identifier les failles de sécurité qui ont pu être exploitées et déterminer si un accès non autorisé aux documents a été possible.
- Analyse des journaux : Examiner les journaux de sécurité pour toute activité suspecte correspondant aux dates et heures des prétendues intrusions.
- Corrélation des données : Comparer les échantillons fournis par les hackers aux documents internes pour vérifier leur authenticité.
3. Consultation avec des experts
- Engagement d’experts en cybersécurité : Collaborer avec des spécialistes externes pour évaluer la situation, la crédibilité des menaces et pour aider à la récupération sécurisée.
- Communication avec les autorités : Informer les autorités compétentes de la situation pour bénéficier de leur expertise et soutien, tout en respectant les obligations légales de notification en cas de fuite de données.
4. Préparation de la réponse
- Évaluation de l’impact : Déterminer l’impact potentiel de la fuite sur l’entreprise, les clients, et les partenaires.
- Stratégie de communication : Préparer une stratégie de communication transparente à l’égard des parties prenantes internes et externes, en soulignant les mesures prises pour gérer la situation et protéger les données.
5. Renforcement de la sécurité
- Renforcement des mesures de sécurité : Mettre en œuvre des mesures de sécurité supplémentaires pour prévenir de futures intrusions.
- Formation et sensibilisation : Renforcer la formation du personnel sur les meilleures pratiques de sécurité pour minimiser les risques de sécurité.
6. Surveillance continue
- Surveillance de la divulgation des données : Mettre en place une surveillance continue pour détecter toute divulgation ou utilisation malveillante des données potentiellement volées.
- Réponse aux incidents : Avoir un plan de réponse aux incidents mis à jour et prêt à être déployé en cas de nouvelles intrusions ou fuites de données.
Comment ne pas enclencher l’Effet Streisand ?
Menacer des sites Internet, journaux ou autres médias de porter plainte, de nuire à leur réputation ou de les détruire lorsqu’ils relayent des informations provenant de groupes de hackers n’est généralement pas considéré comme une stratégie judicieuse pour plusieurs raisons :
Effet Streisand : Cette approche peut souvent produire l’effet inverse de celui recherché, attirant davantage l’attention sur les informations que l’entreprise souhaite supprimer ou cacher. C’est ce qu’on appelle l’effet Streisand, où les tentatives de censurer ou de supprimer des informations conduisent à une plus grande diffusion de ces informations à un moment donné. L’équipe du site se pensant menacée, va forcement enquêter plus sur le sujet.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Streisand
Questions légales et éthiques : Les menaces de poursuites judiciaires et les tentatives d’intimidation peuvent soulever des questions légales et éthiques significatives. Non seulement ces actions peuvent s’avérer coûteuses et consommatrices de temps, mais elles peuvent également endommager la réputation de l’entreprise à long terme, surtout si elles sont perçues comme un abus de pouvoir ou une tentative de censure.
Impact sur la réputation : L’image publique de l’entreprise peut être gravement affectée. Les clients, les partenaires et le grand public valorisent la transparence et l’éthique. Les tentatives d’intimidation ou de censure peuvent être interprétées comme un manque de transparence et d’intégrité, nuisant à la confiance et à la fidélité envers la marque.
Efficacité limitée : Avec la nature décentralisée d’Internet et la facilité avec laquelle l’information peut être partagée et dupliquée, il est extrêmement difficile de contrôler totalement la diffusion d’informations. Les tentatives de suppression d’informations sur un site peuvent conduire à leur réapparition sur d’autres plateformes.
Alternatives stratégiques :
- Gestion proactive de la crise : Adopter une approche proactive en communiquant ouvertement sur l’incident, en informant les parties prenantes des mesures prises pour y remédier et en travaillant à renforcer la sécurité pour prévenir de futurs incidents.
- Collaboration avec les autorités : Travailler avec les forces de l’ordre et les experts en cybersécurité pour répondre à l’incident de manière légale et efficace.
- Stratégies de relations publiques : Utiliser des stratégies de relations publiques pour gérer et atténuer l’impact sur la réputation de l’entreprise, en se concentrant sur la transparence, la responsabilité et les efforts de réparation.
Comment faudrait-il réagir ?
Pour aborder efficacement la gestion d’une attaque par ransomware tout en maintenant l’intégrité et la réputation de l’entreprise, il est essentiel d’adopter une méthodologie d’action claire et proactive. Cette approche doit être multidisciplinaire, impliquant à la fois des aspects techniques de la cybersécurité et des stratégies de communication transparente. Voici une méthodologie en plusieurs étapes :
1. Préparation et prévention
- Évaluation des risques : Identifier les actifs les plus critiques et les vulnérabilités potentielles au sein de l’infrastructure IT.
- Formation et sensibilisation : Éduquer le personnel sur les menaces de ransomware et les bonnes pratiques de cybersécurité.
- Mise en place de défenses : Installer des solutions de sécurité avancées, y compris des logiciels anti-malware, des pare-feu, et des systèmes de détection et de réponse aux incidents (EDR).
- Mise en place d’un plan de communication : Ce qui évite de le faire le matin à la lecture des tweets et actualités ou du message du responsable IT.
2. Détection et réaction immédiate
- Détection rapide : Utiliser des outils de surveillance pour détecter toute activité suspecte et l’identifier rapidement.
- Isolement du réseau : Limiter la propagation du ransomware en isolant les systèmes infectés du reste du réseau.
- Analyse initiale : Évaluer l’ampleur de l’attaque et identifier le type de ransomware pour déterminer les meilleures stratégies de réponse.
3. Communication transparente
- Notification interne : Informer immédiatement le personnel et les parties prenantes clés de la situation en soulignant les actions en cours pour y remédier.
- Communication externe : Préparer une communication officielle à l’attention des clients, partenaires, et, si nécessaire, du grand public, en respectant les obligations légales de notification.
- Collaboration avec les autorités : Signaler l’incident aux autorités compétentes et collaborer avec elles pour bénéficier de leur expertise et soutien.