Risque de cyberattaque le sextant est de retour : C’est une renaissance aussi inattendue que symbolique pour un instrument nautique séculaire : le sextant, cette relique des temps anciens de la navigation, reprend du service au sein de la Marine nationale française, bravant les vagues de la modernité incarnées par le GPS omniprésent. Ce renouveau trouve ses racines dans l’atelier normand de Patrick Lorho, à Saint-Vincent-du-Boulay (Eure), où cet artisan passionné perpétue la tradition de cet outil de précision depuis 1990.
Inventé dans les années 1730, le sextant se base sur l’observation des astres pour permettre aux navigateurs de déterminer leur position en mer avec une précision remarquable, jusqu’à une centaine de mètres selon la maîtrise de l’instrument. Composé d’une quarantaine de pièces et faisant appel à un jeu de miroirs pour aligner le soleil ou les étoiles avec l’horizon, le sextant illustre une harmonie parfaite entre l’homme, son outil et la nature.
Patrick Lorho, après un début de carrière loin des flots, rejoint l’entreprise familiale pour ensuite voler de ses propres ailes avec la création de Concept productique industriel (CPI). Bien que le GPS ait largement réduit l’intérêt pour le sextant à la fin du XXe siècle, l’aventure de Loïck Peyron lors de la Route du rhum 2018, où il choisit de naviguer à l’ancienne avec sextant et carte marine, remet en lumière cet instrument.
Le sextant “Happy”, conçu spécifiquement pour cette course et peint en jaune pour s’harmoniser avec le trimaran de Peyron, marque le début d’une nouvelle ère pour cet outil. Vendus en édition limitée, ces sextants symbolisent le retour à une navigation “plus pure”, en communion avec les éléments.
La modernisation n’a toutefois pas épargné cet instrument traditionnel. Patrick Lorho a su adapter le sextant aux exigences contemporaines en remplaçant le métal par de l’aluminium, plus léger et résistant, et en optimisant le processus de fabrication grâce à la technologie laser. Le résultat est un sextant alliant tradition et modernité, dont le prix s’échelonne entre 1 200 et 1 500 euros.
La décision de la Marine nationale d’équiper ses navires de sextants normands s’inscrit dans un contexte de menace croissante de cyberattaques et de pannes informatiques. Bien que l’usage du sextant fût en déclin, la nécessité de garantir une navigation sûre et indépendante des systèmes de géolocalisation modernes a remis cet instrument au goût du jour. Une quinzaine de sextants sont actuellement en production pour la flotte française, présageant peut-être d’autres commandes à venir.
Dans un monde où la technologie semble tout emporter sur son passage, le sextant rappelle l’importance de la connaissance des fondamentaux de la navigation et la valeur de l’autonomie en mer. Cette initiative de la Marine nationale non seulement valide la pertinence continue de cet outil ancestral mais ouvre également un nouvel horizon pour le sextant français, prouvant une fois de plus que les traditions, lorsqu’elles sont adaptées, peuvent trouver leur place dans l’ère moderne.